2005/09/29

La guerre des réseaux

Sur la forme, ce qui est d'abord surprenant dans ce que nous pouvons maintenant appeler ''l'affaire Mailloux'' (comme l'affaire Dreyfus en France !), c'est que l'apparition du Doc Mailloux ainsi que ses propos controversés lors de l'émission Tout le monde en parle ne font finalement la une des journaux seulement le jeudi alors que l'émission a été enregistrée une semaine avant et diffusée dimanche soir. La Presse sort l'artillerie lourde en première page, photo de l'''affaire'' à l'appui, avec des commentaires de Cousineau, Petrowski, Cassivi et Foglia! Il ne manquerait plus qu'un éditorial spécial de Roger D.Landry (n'est-il pas trop occupé à l'intérieur de Youppi ces jours-ci?) pour avoir une couverture digne de la mort d'un pape.

Sur le fond, c'est un peu moins drôle. La bataille du dimanche soir, épisode hebdomadaire de la guerre médiatique que se livre Québécor et Radio-Canada commence sérieusement à entacher la crédibilité de la télévision publique et par le fait même, à me taper sur les nerfs. Petrowski nous apprend que le cinéaste français Claude Lelouch est invité à TLMEP puis dés-invité 2 jours après pour des raisons nébuleuses. Pas assez vendeur, la chroniqueuse insinue. Au lieu de cet invité de marque, on nous amène un bouffon qui sévit à TQS, le deuxième en deux semaines après Gilles Proulx. Alors que ce dernier avait tout de même le mérite d'avoir fait l'actualité la semaine précédente, le Doc Mailloux n'avait aucunement d'affaire à l'émission. On apprend ensuite que Luck Mervil et Philippe Fehmiu seront à l'émission la semaine prochaine pour réagir aux propos du Doc. Comme écrivait Louise Cousineau la semaine dernière, Tout le monde en parle est devenu un téléroman qu'il ne faut pas manquer.

Un autre exemple de cette guerre? Hier soir aux Francs-tireurs, Patrick Lagacé, aussi journaliste au Journal de Montréal, interviewait la présentatrice/actrice/animatrice Isabelle Maréchal et passait les trois-quarts de l'entrevue à essayer de la coincer sur sa triple -quadruple?- personnalité professionnelle? TQ / Québécor qui plante TQS / SRC avec toute la gomme. Ajoutons à cela le congédiement de Dutrizac de Télé-Québec parce qu'il avait planté ses patrons du réseau public lors d'une apparition à TLMEP (encore!) et qui se retrouve maintenant à TQS pour le journal du midi. Revanche quand tu nous tiens!

Alors si je comprend bien, la convergence, c'est inviter des personnalités des autres réseaux pour les planter et inviter des personnalités du nôtre pour les licher ??? Si le Doc Mailloux tombe, c'est Tout le monde en parle qui va gagner le dimanche soir alors que le controversé personnage ne sera plus sur les ondes du gala de Loft Story à TQS. Si Isabelle Maréchal se fait congédier de TQS, c'est TVA qui sera probablement gagnant.

Toutes ces manoeuvres sont bien excitantes pour les journalistes mais terriblement ennuyantes et inquiétantes pour nous les gens qui se divertissent et qui s'informent par la télé, la radio ou les journaux. Nous ne savons plus quel agenda caché il y a derrière les invités, les entrevues ou les sujets de reportage. Dans le Larousse 2004, manoeuvre et manipulation sont dans la même page...

2005/09/27

Chronique ce-que

Dans cette chronique, je vais essayer de vous faire connaître mes choix culturels ainsi que mes coups de coeur...et ensuite je me pars un magazine féminin.

Ce que je lis: Until I find you, de John Irving. Jusqu'à maintenant, c'est l'histoire d'un mère qui recherche le père de son fils de 4 ans qui s'est enfui dès la naissance de l'enfant poursuivant ses lubies (musique d'orgue et tatouages) dans les pays scandinaves. Je ne suis pas certain où tout ça va nous mener mais je connais bien l'auteur, ses livres sont généralement truffés de bizarreries et de personnages loufoques. J'aime bien sauf que c'est passablement volumineux (700 pages et plus).

Ce que j'ai vu: City of God de Fernando Meyrelles. C'est drôle car je ne déplace que très rarement au cinéma, je suis plutôt du genre banlieusard-pantouflard et je suis ainsi en retard d'un film sur la mode du moment. Meyrelles a fait l'actualité cinématographique dernièrement gràce à l'adaptation d'un roman de John LeCarré, La Constance du jardinier mais c'est en lisant les critiques plutôt bonnes de ce film que j'ai appris qu'il avait été directeur de City of God. Au club vidéo du coin, il y a un spécial 3 films réguliers, 3 jours, 5 dollars. J'ai été agréablement surpris par le rythme du film et l'histoire, vraiment, je crois qu'il faut louer si votre portugais n'est pas trop rouillé ...il y a des sous-titres en français (#### sur 5) .
L'auberge espagnole de Cedric Klaspich. Encore une fois, sur nos écrans arrivent Les Poupées Russes, la suite du film que j'ai regardé. C'est bien, il y des très belles images de Barcelone. Je ne sais pas si on pourrait faire un film aussi beau avec tout ce qu'il y a de beau à Montréal. Côté histoire, ça ressemble à un Chambre en ville européen, évidemment en plus intello. (###1/2).


Ce que j'écoute: Idlewind (###). Buck 65 (###1/2). The Coral (###). The Redwalls (####).

Ce que je consulte: All Movie Guide

2005/09/23

le 4 à 7 de Radio-Canada: la locomotive qui n'avance pas

Les habitudes télévisuelles du public de la SRC sont bousculées depuis le début de la rentrée au petit écran. Fini les émissions pour enfants à 16h, case-horaire hérité de Bobino. Fini les nouvelles à 6h, après plusieurs changements de formules et/ou animateurs. Place à des shows de chaise.

Pourquoi tout ce remue-ménage? La concurrence très forte de TVA et TQS dans cette plage horaire semblait agacer royalement les dirigeants de la SRC et ils croient que si un téléspectateur est accroché suffisamment pendant le souper, il va oublier la zappette sur le micro-ondes et ne changera pas de canal arrivé à 19h.

Ils décidèrent donc de transformer l'ancienne case-horaire hétéroclite en un exemple parfait de rockdétentisation des ondes.

La première émission a été directement inspirée de The View, émission matinale très populaire aux États-Unis. Trois jeunes femmes débattent de sujets chauds en compagnie de leurs invités, évidemment choisis pour leur sex-appeal auprès d'un public de matantes (vendredi: Normand Brathwaite, Denis Filiatrault, Ghyslain Tremblay et lundi: Bruno Pelletier). Le problème est que l'émission est animé par des jeunes femmes à une heure où les jeunes femmes justement sont encore au travail, dans leur auto, à la garderie ou pour les chanceuses, en train de faire les devoirs ou le souper. Mauvais timing. Et il faut avouer aussi que Anne-Marie Withenshaw, bien que talentueuse, ce n'est pas Barbara Walters, ni Christiane Charette d'ailleurs, qu'on a cavalièrement laissée aller de la Société d'État. Donc au lieu d'attirer des téléspectateurs, on les repousse à l'autre canal regarder un soap. Cela dit, je crois tout de même que cette émission, placée ailleurs (samedi après-midi?) pourrait avoir du succès.

Le téléjournal était traditionnellement casé à 18h et pour des raisons strictement mercantiles, on l'a déplacée à 17h afin de faire place au nouveau talk-show animée par la star de la SRC, Véronique Cloutier.

Là-dessus, je ne veux rien enlever à Véronique Cloutier car c'est une excellent animatrice dans son genre sauf qu'elle se retrouve face aux poids lourds de l'information sur les autres chaines. Le mieux qu'elle peut faire, c'est grappiller des parts de marché bien maigres par rapport à ce que son émission aurait pu rapporter, programmée à 21h ou bien simplement transformée en une émission hebdomadaire le vendredi soir par exemple.

Parenthèse: combien de fois pouvons-nous voir Normand Brathwaite dans un talk-show? Seulement dans le dernier mois, je l'ai vu à des kiwis et des hommes et à Tout le monde en parle et maintenant La Fosse aux Lionnes, en plus de CKOI à tous les matins. Non mais, il n'y a pas que son tour de taille qui soit en expansion, son exposure aussi. Je ne sais pas si le star system québécois peut supporter cet avalanche de confidences, opinions, secrets, portraits, ouvertures, discussions...

Mais en bout de ligne, toute cette situation pourrait être résumée par les questions suivantes: qui a demandé à Radio-Canada de devenir un TVA public? Qui exige de Radio-Canada que la station domine les cotes d'écoutes dans tous les créneaux horaires?

2005/09/22

André Boisclair et le PQ: comme une mauvaise publicité?

Lorsque je vois une mauvaise publicité à la télévision -un exemple facile me vient rapidement à l'esprit: Canadian Tire - je me dis tout le temps , non mais comment ont-ils pu laisser passer une tel merde? Et puis je me souviens de mes cours de cégep, je ne sais plus trop quelle matière, où on nous apprenait que les publicitaires créaient délibérément des mauvaises pubs parce que celles-ci restent plus longtemps dans la tête des gens.

C'est un peu à quoi la saga André Boisclair me fait penser. Avant ces ''révélations'' (de la part de qui, on s'en doute), la course au leadership du PQ n'allait nulle part dans les médias et depuis, c'est la folie furieuse. Ça ressemble à la stratégie tout azimuth Écho-vedettes / 7 jours / La Semaine, longtemps utilisée par les rusés imprésarios de nos vedettes d'ici et aussi d'ailleurs: parlez de moi en mal, parlez de moi en bien mais de grâce, parlez de moi!!!

Sans vouloir insinuer que tout ça n'est qu'un tour de passe-passe des hautes instances du PQ pour remettre en avant-scène leur course, il n'en demeure pas moins que les conséquences sont loin d'être aussi fâcheuses qu'elles en ont l'air à prime abord. Les gens au bureau parlent d'André Boisclair, de la politique en général, de la course au PQ, des responsabilités d'un ministre, de la ligne très mince entre vie privée et vie professionnelle.

Ce brassage d'opinions diverses ne peut qu'être favorable au PQ dans la mesure où le parti fera parler de lui dans le grand public, au lieu d'être relégué à la page 12 des principaux quotidiens, à part bien-sûr Le Devoir, qui ne compte généralement que 6 pages bien tassées et pour qui la stratégie référendaire immédiate est d'une importance capitale pour l'Avenir de la Nation.

2005/09/20

Gilles Proulx et Jeff Fillion: même combat?

Sans vouloir vraiment défendre Gilles Proulx sur les propos précis qu'il a tenu lors de son émission à TQS, je vois certaines similitudes entre la controverse qui l'entoure et celle qui a mis fin à la carrière radiophonique de Fillion tel qu'on la connaissait.
Bien que ni l'un, ni l'autre n'aime la comparaison, les deux animateurs avaient foncièrement les mêmes opinions et par la bande, les mêmes ennemis, c'est-à-dire les nombreux groupes d'intérêts de gauche comme les syndicats, les associations féministes, les regroupements contre la pauvreté, pour ne nommer que ceux-là. Ce sont ces groupes qui ont eu la tête de Fillion et qui vont avoir la tête de Proulx.
Pourquoi? Parce que les deux animateurs dérangent et véhiculent des idées et des valeurs contraires à l'ordre établi, à la rectitude politique, au sacro-saint modèle québécois. Sauf qu'en même temps, ils évoluent dans un environnement très bipolarisateur, pour reprendre le terme de Proulx, et très compétitif qui les force à repousser constamment les limites du bon goût et de la décence sur les ondes.
Leurs adversaires se servent ainsi de leur écarts de conduite pour éliminer ces messagers qui menacent leur position dominante dans le paysage médiatique québécois.
C'est bien dommage car je crois que la société québécoise a besoin pour avancer de débattre et de prendre en considération tous les points de vue. Mais la droite québécoise n'a malheureusement pas un porte-parole qui est à la fois populaire, poli, posé et intelligent.