2005/11/26

L'heure de vérité sonne...pour qui?

Jeudi dernier, Stephen Harper affirmait aux Communes que l'heure de vérité des Libéraux approchait et que bientôt, les Canadiens les jeteraient dehors pour leur rôle dans le scandale des commandites.

L'heure de vérité approche certainement. Mais elle approche pas nécessairement pour Paul Martin mais plutôt pour le chef de l'Opposition. À regarder le dernier sondage publié ce matin, 39-29 pour le PLC, une copie presque conforme du dernier scrutin de juin 2003, je m'inquièterais si j'étais Stephen Harper.

Sauf que le chef du PC a accès à beaucoup plus d'information que moi et je suis convaincu que les sondages internes de son parti lui montre une éclaircie et une tendance lourde qui pourrait mener à un gouvernement conservateur, probablement minoritaire. Sans cela, je doute que Harper se soit empressé à pousser le gouvernement vers une défaite en Chambre, ce qui déclenchera lundi des élections pour la mi-janvier.

Si j'avais le choix, je crois que j'aimerais mieux être dans les souliers de Harper plutôt que dans les souliers de Martin. Ce dernier traîne un bagage beaucoup plus lourd (les commandites) et l'alternance du pouvoir va bien finir par le rattraper. Si Martin gagne, les Libéraux seront au pouvoir pour 2 ans ou peut-être même 4 ans, ce qui porterait règne à 16 ans de pouvoir. Est-ce que les Libéraux méritent une telle confiance?

Tout dépendra de la qualité de la campagne qui sera mené par les Conservateurs. Leur chef n'a pas droit à l'erreur, la campagne doit être sans faille et il doit marteler à peu près le même message: la corruption, la corruption, la corruption, sans nécessairement s'empêtrer dans son propre programme. Et espérer que les gens vont surtout penser aux commandites lors du vote.

Parlant de programme, ce qui complique les choses justement, c'est que le PLC se présente presque comme le parti de la droite. Avec des baisses d'impôts de 38 millions consenties aux contribuables et certains assouplissements à la taxe sur le capital pour les entreprises, il serait difficile de faire mieux pour le PC, sans être étiquettés comme le parti des riches.

Au Québec, est-ce que le PC pourrait se tailler une place entre le PLC et le BQ? Le combat s'annonce plutôt difficile, surtout aprês avoir aperçu les premiers signes de la stratégie d'Harper: votez contre la corruption du PLC et contre la séparation des Bloquistes, votez pour nous.

You got it all wrong Stephen. Il ne faut absolument pas braquer les gens face à leurs choix passés mais les assurer de leurs choix futurs. Est-ce qu'on peut s'entendre pour dire que le plein de vote par les Conservateurs doit être fait du côté des électeurs bloquistes? Alors il ne faut pas dénigrer la souveraineté et associer le mouvement au terme péjoratif ''séparation'' car il y a parmi les électeurs bloquistes des fédéralistes modérés qui n'accepteraient pas de se faire dire qu'ils font des mauvais choix depuis 1993.

Le message du PC au Québec devrait être: vous voulez punir les Libéraux, nous respectons votre choix de voter pour le Bloc, ce parti a défendu vos intérêts dans le passé mais donnez-nous une chance de battre les Libéraux, d'ajouter des députés à l'équipe du Parti Conservateur. Le message doit être positif, rassembleur, il doit presque exorter les Québécois à voter pour le PC, même si cela se fait au détriment de leur message pancanadien. Car le PLC ne manquera pas de rappeler au électeurs des autres provinces qu'Harper tend la main aux séparatistes. Mais le chef du PC soit demeurer digne et pédagogue, c'est-à-dire expliquer que les Québécois ne sont pas tous séparatistes etc.

Cinq, dix ou douze députés conservateurs au Québec serait une éclatante victoire pour le PC. Cette voie est à mon avis la meilleure à suivre pour les Québécois qui veulent que leurs vrais intérêts soient défendus.

2005/11/25

le cinéma québécois

J'ai finalement regardé C.R.A.Z.Y. , de Jean-Marc Vallée. Je m'attendais à beaucoup de ce film, étant donné les excellentes critiques. J'ai été un peu déçu.

Ce n'est pas que c'est un mauvais film, au contraire. L'interprétation est juste, le scénario est convaincant, les dialogues sont aussi percutants. Il y a de plus un peu de surnaturel dans le film, ce qui me rappelle les romans de Gabriel Garcia Marquez.

Il y a potentiellement dans ce film un thème qui a été beaucoup exploité dernièrement, la relation père-fils que tous les jeunes adultes mâles vivent à un moment ou à une autre de leur vie. Cela aurait à mon avis constitué un excellent point central dans le scénario.
Malheureusement , c'est l'ambivalence sexuelle de Zachary qui domine. Et ce n'est pas vrai que l'homosexualité est devenue tellement mainstream qu'elle touche tout le monde au même degré. Moi, je ne me suis identifié aucunement au personnage principal tout au long de ce coming-out qui ne finit plus. On aurait pu faire le même film à propos de la vie de l'aîné, du cadet obèse, du sportif ou du nerd. Mais on dirait qu'on a choisi de montrer les hétéros de la famille comme des stéréotypes débiles alors que le seul homosexuel est digne de raconter son histoire. Moi, j'ai été réticent à embarquer là-dedans. Ce n'est pas que je suis homophobe mais la critique n'a pas reflété cet aspect qui est selon moi omniprésent dans le film. Il n'y a de plus aucune légèreté dans le traitement du sujet. C'est sérieux et grave et ambigü du début à la fin.

L'autre aspect qui m'a dérangé de ce film, et ces propos ont été repris par Nathalie Petrowski il y a quelques mois, concerne l'absence de références historiques québécoises. Bien sûr, la trame sonore est rafraîchissante sauf qu'elle est plutôt banale si on compare aux trames sonores de films américains qui nous font découvrir des petits bijoux musicaux oubliés (ex. High Fidelity ou Fear and Loathing in Las Vegas). Changes de Bowie, c'est bon mais quand même assez commercial.

Évidemment, quand on écrit un scénario, on a deux choix. Ou bien on fait un film universel, culturellement anonyme, ou bien on fait un film particulier, fixé dans un cadre culturel ou social précis. Les meilleurs scénarios sont souvent ceux qui combinent l'un et l'autre. Par exemple, Les Invasions Barbares traite d'un thème universel, la mort, dans un enrobage culturel québécois, à la limite universitaire. Le scénario fait donc une sorte de boucle.

Dans C.R.A.Z.Y., on a décidé de faire dans l'universel, sans toucher vraiment à la culture québécoise. Il y a bien ici et là des signaux et des indices qui font que l'action se déroule au Québec, mais si on avait remplacé un sigle du PQ par un bouton Carter for President, l'action aurait pu aussi bien se dérouler à Chicago qu'à Montréal. Au fait, est-ce bien à Montréal que ça se déroule?

En conclusion, C.R.A.Z.Y. demeure un bon film mais je ne crois qu'il mérite toutes les bonnes critiques qu'il a reçu depuis le début et certainement pas une nomination aux Oscars.

Le Polyiste en vrac

Silence sur Nathalie dans ce blogue? Hum. Je ne sais pas pour qui prendre position. Prendre pour la bonne compagnie privée Quebecor, qui dénonce et verse tout son fiel sur les pédophiles et crottés de tout acabit? Ou prendre pour le méchant radio public Radio-Canada qui finance les activités de la seconde génération du Crotté suprême, devenant ainsi coupables par association d'un crime odieux? Quand je vous écrivais à propos de la guerre des réseaux...
Et quand je vous dit que trois jours avant la publication de Briser le silence, il y avait déjà à la bibliothèque du coin 18 personnes sur la liste d'attente pour les trois exemplaires. Ousse qu'on s'en va?
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Conrad Black veut sa citoyenneté canadienne? Ce qui était un embarras pour lui il y a quatre ans pourrait maintenant l'empêcher de faire 80 ans de prison aux États-Unis? Quoi, Lord Black de Crossharbour veut maintenant nous faire honneur de partager la même citoyenneté que nous, les mangeux de beignes, buveux de piquette et passeux de publisac? Vous savez, quand on fait face à une justice qui a des dents et qui ne ferme pas les yeux sur les crimes commis par des cols blancs, même une république de bananes comme le Canada a des bons côtés. Ce qui est drôle, c'est que les deux acteurs principaux du drame passé, Lord Black et M.Chrétien, vivent à peu près leur déchéance en même temps. Quel que soit les résultats de leurs démêlés avec la justice, les temps sont durs dans la cellule de l'opinion publique.
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La campagne de publicité de Toblerone, dont les messages télévisés: Ne peuvent-elles pas être plus à double-sens ou bien c'est moi qui voit des double-sens partout?
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''Pompidou, Baudoin, Trudeau sont corrects. Ils ne veulent rien changer; ils sont contents que nous restons épais comme nous sommes. Ils nous laissent jouer tranquille dans notre coin pourvu que nous les laissions jouer tranquilles dans le leur. Plus ces gens-là n'ont pas d'idées, plus on les aime.'' Vous pensez que cette citation provient du Devoir ou de l'Aut' Journal? Détrompez-vous, c'est à la page 16 de L'hiver de force, par Réjean Ducharme en 1973. Si l'auteur, à travers la voix de ses personnages, trouve que Trudeau n'a pas d'idées, que dire de Martin, Charest, Boisclair, Duceppe et la plupart des politiciens contemporains?

U2 setlist 22 novembre (Madison Square Garden, NY)

City of Blinding Lights
Vertigo
Elevation
Electric Co.
I Still Haven’t Found
Beautiful Day
Original of the Species
Sometimes You Can’t Make It On Your Own
Love and Peace or Else
Sunday Bloody Sunday
Bullet The Blue Sky
Miss Sarajevo
Pride in the Name of Love
Where the Streets have no Name
One
Until the End of the World
Mysterious Ways
With or Without You

Stuck in a Moment
Instant Karma

2005/11/20

Apocalypse Now

Francis Ford Coppola
y'é fucké raide, man.

2005/11/19

Top 10 des meilleurs albums de U2

je l'avoue, j'ai toujours aimé U2 et j'aimerais comparer mon palmarès avec le vôtre:

1) All That You Can't Leave Behind
2) The Joshua Tree (les trois premières chansons sont des classiques)
3) Zooropa (j'adore certaines pièces dont Stay et The Wanderer avec Johnny Cash)
4) Rattle and Hum (il y a des pièces très fortes sur cet album: Helter Skelter, God part II, Love Rescue Me)
5) The Unforgettable Fire (Bad, la pièce titre The Unforgettable Fire)
6) Achtung Baby (bien qu'excellent et innovateur à l'époque, on dirait que le son de cet album vieillit mal, comme un CD d'Oasis par exemple)
7) 8) Boy, War, October, Under a Blood Red Sky (albums que je ne possède pas et que je connais moins, je sais, je ne suis pas un vrai fan)
9) How To Dismantle An Atomic Bomb (très déçu de cet album, pas assez rock à mon goût)
10) Pop (album de fin de contrat on dirait)

U2 setlist 18 novembre (Philips Arena, Atlanta)

18.11.2005

City of Blinding Lights
Vertigo
Elevation
Beautiful Day
Still Haven’t Found What I'm Looking For
Mysterious Ways
Original of the Species
Sometimes You Can’t Make It On Your Own
Love and Peace or Else
Sunday Bloody Sunday
Bullet The Blue Sky
Miss Sarajevo
Pride in the Name of Love
Where the Streets Have No Name
One
Until the End of the World
The Fly
With or Without You

rappel:
Stuck in a Moment
Yahweh
All Because of You
40

je trépigne d'impatience même si nos billets sont derrière la scène grâce à mon frère-l'organisateur.

2005/11/18

L'insoutenable pesanteur du PQ

Mesdames et messieurs, are you ready to rumbllllllllllllleeeeeeeeeeeeeeeeee?
Dans le coin droit, l'aspirant au titre, il a du style, il est jeune, il est articulé, il est tribun, il est en pleine possession de ses moyens, il est le chef du PQ, André Boisclair!
Dans le coin gauche, ils sont vieux, ils portent des hush puppies, ils fument la pipe, ils enseignent au cégep, ils ont toujours les mots ''nation'' et ''traître'' dans la bouche, ils sont l'âme et la conscience du PQ, les Purs et Durs de l'Indépendance!
Le combat commence et dès le début de la cloche, l'aspirant au titre tente d'attirer son adversaire dans le coin avec la feinte du programme mais les PDI s'exquivent. Ceux-ci se glissent sur les cordes afin de trouver une angle par laquelle ils attaqueront le nouveau chef. Un jab de la loi 101? Un uppercut de la dette? Un crochet du référendum? Les deux adversaires continuent de s'étudier. Boisclair tente de repousser les attaques. Les PDIs tente une combinaison vote de confiance-question référendaire et atteignent solidement l'aspirant, qui s'écroule. Les champions se retirent dans leur coin, l'extrême-gauche pendant le compte.

Je plaisante évidemment. L'arrivée d'André Boisclair se fera certainement en douceur. Ses conseillers vont tout faire pour ne pas défaire l'image du Sauveur, surtout avec le temps de fêtes qui approche. Mais le scénario présenté pourrait se réaliser si le nouveau chef n'impose pas son pragmatisme au sein d'un parti réputé pour être difficile avec ses chefs.
Je ne peux comprendre que des péquistes puissent en toute conscience huer Lucien Bouchard. C'est l'arrivée de Bouchard à la tête du Oui au milieu de la campagne référendaire de 1995 qui a fait que le Oui a obtenu 49%. Une défaite par 20 points comme en 1980 aurait rendu impossible la tenue d'un troisième référendum, quoiqu'en disent les dénigreurs de Bouchard. Où serait le PQ sans le Rêve de l'indépendance?
Nous avons une culture politique assez particulière au Québec. Jamais Bill Clinton n'aurait été hué à une convention démocrate, ni Jimmy Carter, pas plus que George Bush père à une convention républicaine. Les ''vrais'' partisans, pour employer une métaphore sportive, adorent les joueurs de leur équipe et reconnaissent les efforts des leurs, malgré leurs défauts et leurs échecs. Nous au Québec, on aime les politiciens jetables. Regardez-bien la trajectoire de Boisclair dans les prochaines années.
Le ministre fédéral Pierre Pettigrew, dans une envolée aussi échevelée qu'écervelée, a traité cette semaine les chefs du PQ de losers (Et John Turner? Et son ancien boss Claude Ryan?). À mon avis, les vrais losers, ce sont les péquistes qui ont hué Lucien Bouchard et Pierre-Marc Johnson.

2005/11/17

Un mode de scrutin défavorable au PQ?

Mardi soir dernier, entre deux téléromans, le match Canadien-Panthers et un film de guerre à TQS, le PQ a finalement choisi son nouveau chef. Nous sommes loin des longues fins de semaines et des interminables dimanches des congrès politiques d'autrefois. Conciliation travail-famille j'imagine. Il reste que le timing d'une telle annonce, un mardi soir, ça fait poche, ça fait cheap. Pas aussi cheap que le Bachelor mais quand même...
Mais les irréductibles péquistes me diraient que mardi soir coïncidait avec le 29 anniversaire de la prise du pouvoir par le PQ en 1976. Justement, ce n'était pas le 30e anniversaire, c'était juste le 29e, ce qui justifiait amplement le fait de déplacer l'événement à un weekend rapproché.
Bien que j'étais assez jeune, je me souviens relativement bien du congrès de 1983 où Brian Mulroney a été élu chef du Parti progressiste-conservateur. La situation était semblable à celle du PQ, le chef Joe Clark avait reçu précédemment un vote de confiance de 66.9%. Il jugea alors ce pourcentage était insuffisant et décevant et il déclencha aussitôt une course au leadership dans laquelle il serait candidat afin de faire taire ses détracteurs, idée que Bernard Landry a contemplé pendant presque tout l'été pour finalement refuser d'entrer dans la course à l'automne. Plus ça change, plus c'est pareil, à quelques différences près.
D'abord le PQ a choisi pour des raisons d'image et d'argent de privilégier un mode de scrutin téléphonique où tous les membres du parti pourraient voter. Plus besoin de délégués, ni de congrès, tout le monde vote par téléphone et c'est très démocratique. Ce l'est tellement en fait que semble-t-il que même les bébés, les plantes et chihuahuas pouvaient aussi le faire. Même si on raconte que les organisateurs de Mulroey avaient déjà nolisé un autobus remplis de robineux du Old Brewerie Mission pour paqueter une convention locale mais je me demande si le vote d'une plante aurait été possible à la salle des Chevaliers de Colomb du coin?
Tout le monde semble estomaqué par l'ampleur de la victoire d'André Boisclair alors qu'il a été élu au premier tour avec une majorité de 54%. Il faut se calmer. C'est bien mais c'est seulement 4% au dessus du seuil de la majorité simple et surtout, c'est 22% de moins que le pourcentage de satisfaction exprimé par les délégués à Bernard Landry lors du fatidique vote de confiance du printemps dernier.
Faisons un parallèle avec la situation de Mulroney en 1983. Comme le PQ, le PC est un parti historiquement divisé. Mulroney l'a emporté après 4 tours de scrutin avec 54% des voix des délégués. Semblable à Boisclair? Pas du tout. Tout au long du déroulement du vote, Mulroney a réussi à récolter les appuis formels de 3 candidats mineurs, dont Michael Wilson, qui deviendra plus tard son ministre des Finances. Il obtiendra ultimement aussi l'appui de la majorité des délégués de John Crosby, qui termina troisième au troisième tour et qui se désista. À l'aide d'un mode de scrutin favorable au jeu des alliances, Mulroney s'est donc retrouvé à la tête du PC divisé mais certainement moins divisé que le PQ actuellement.
M.Boisclair est arrivé à ce pourcentage en un tour est excellent pour lui et son organisation. Sauf que malgré toutes les courbettes et invitations adressées à ses adversaires, M.Boisclair arrive à la tête d'un parti plus divisé que jamais par cette course. Le nouveau chef a-t-il vraiment besoin de Bernard, Legendre, Marois et compagnie? Pas vraiment, il a remporté la course sans et malgré eux. Mais vous savez ce que les Anglais disent, keep your friends close but your enemies closer, je suis certain que M.Boisclair sait qu'il doit garder tous des adversaires près de lui, même les potentiels Brutus. Est-ce que Pauline Marois peut être nommée à un poste plus important que celui qu'elle détient actuellement dans le cabinet fantôme de l'opposition, soit critique en matière d'éducation?
My point is : le PQ aurait dû garder un mode de scrutin traditionnel avec élection des délégués dans les comtés et un congrès tenu lors d'une fin de semaine où il pourrait y avoir les discours des aspirants le vendredi, une soirée d'adieu au chef le samedi (et certainement quelques huées tant qu'à y être) et finalement le vote le dimanche, juste à temps pour Star Académie!

2005/11/16

le shake'n bake irakien

N'est-ce pas plutôt ironique de retrouver aujourd'hui les États-Unis dans une controverse concernant des armes chimiques, eux qui sont entrés en guerre en Irak justement pour retrouver ce type d'arme dans l'arsenal de Saddam Hussein?
En effet, la télévision d'état italienne affirme dans un reportage que le phosphore blanc, un type de métal qui ressemble à de la cire et qui est extrêmement inflammable lorsqu'exposé à l'oxygène, a été utilisé comme arme contre les rebelles irakiens de Fallujah, causant plusieurs dommages parmi les populations civiles de la région.
La réponse américaine était toute prête, le phosphore blanc n'est pas considéré comme une arme chimique mais comme un arme conventionnelle reconnue qui est principalement utilisée pour créer un écran de fumée afin de protéger les troupes américaines de l'ennemi. Il est utilisé en combinaison avec d'autres munitions et est dispersé à l'aide de mortiers principalement.
Le problème est que selon l'ONU, cet arme est interdite selon la Convention sur certaines armes conventionnelles de 1980 mais ce document n'a jamais été signé par les États-Unis mais ceux-ci ont signé un traité ultérieur sur les armes chimiques de 1997 qui interdit l'utilisation de substances qui peuvent tuer ou incommoder les populations combattantes ou civiles. Donc en gros, on peut utiliser le WP dans une bataille, en autant qu'il ne soit pas utilisé directement sur des cibles humaines.
Or dans le cas de Fallujah, il semble que cette arme ait été justement utilisée contre des cibles humaines, comme une munition efficace et polyvalente. On parle même d'une arme psychologique utilisée dans certains cas pour démoraliser l'adversaire à la fin des combats.
Vous allez me dire que cette transgression est une pâle copie de l'utilisation du gaz moutarde par Saddam Hussein sur les populations kurdes et vous avez certainement raison sauf que cela en dit long sur l'état d'esprit des troupes de la mini-coalition. Peu importe les moyens, la victoire à tout prix. Un peu comme le personnage du général dégénéré interprété par Robert Duvall dans Apocalypse Now: ''humm, I love the smell of Napalm in the morning''.
Vous savez le terme utilisé par les soldats américains lorsqu'ils utilisent cette munition? Le shake'n bake. Hello la banalisation. Ça donne le goût de s'enfiler un poulet à l'irakienne n'est-ce pas?

2005/11/11

Le Grand Satan

''Les médecins devront choisir leur camp, affirme une spécialiste'' titre La Presse ce matin. Le gouvernement québécois doit se plier au jugement de la Cour Suprême sur l'affaire Chaoulli, qui ordonne aux gouvernements de permettre aux compagnies d'assurance privées de couvrir les soins prodigués par des médecins qui se sont exclus de la RAMQ.

La gauche québécoise est très alarmiste à ce sujet et elle ressort encore une fois les épouvantails de la shed, avec des termes comme privé, deux vitesses, système parallèle, santé pour les riches et les pauvres. Le débat n'aura pas encore lieu. Tout est blanc et tout est noir. Tout le monde est riche ou pauvre. Tout le monde est lucide ou solidaire.

Qu'est-ce qu'il y aurait de mal à introduire un peu de privé dans système de santé? La France le fait, l'Angleterre aussi, les pays scandinaves aussi. Pourquoi au Québec, une telle chose ne serait pas possible? Si quelqu'un veut reporter l'achat de la Subaru de ses rêves pour se faire opérer au genou, pourquoi pas? Surtout un tel le système apporte de l'argent neuf dans le système public.

Loin d'être un invention du Grand Satan capitaliste, le privé ne veut pas seulement dire profits et inégalités mais aussi efficacité (dans son ensemble), compétition, choix, maximisation des ressources, justice. Nous y reviendrons.

Il y a plusieurs manières d'introduire dés éléments de privé dans notre système de santé. Le gouvernement pourrait abandonner une partie de son rôle de fournisseur de services. Pour un opération de routine au genou par exemple, le gouvernement pourrait fixer un paiement de 1200$ à un fournisseur privé de service, en sachant qu'il lui en coûte 2000$ pour la même opération dans le public. Ces chiffres sont fictifs, je ne suis pas médecin et je n'ai aucune idée des coûts. Sauf qu'on assisterait rapidement à l'apparition de cliniques privées pour profiter de cette ''subvention''. D'une part, le gouvernement pourrait sauver 800$ par acte et déengorgerait par le fait même les listes d'attente. Les hôpitaux publics pourraient aussi louer les salles d'opération qui ne sont pas en fonction 24h sur 24h parce que les coûts rattachés sont trop élevés.

Par contre, il aurait lieu de fixer certaines balises dans ce décloisonnement du système de santé québécois. Justement, les médecins ne devraient pas à choisir leur camp et la loi devrait justement les obliger à oeuvrer une partie de leur temps dans le système public. Si 120 orthopédistes décidaient actuellement de quitter le système public pour oeuvrer dans le privé (sur 293) dans une sorte de ruée vers l'or, je crois que dans les faits, cela créerait effectivement une situation de déséquilibre néfaste au système public. Par contre, la main invisible du marché ferait prendre conscience à beaucoup d'entre eux que le Québec n'a pas assez de personnes prêtes à payer pour se faire soigner pour faire vivre tous ces spécialistes privés. Plusieurs réintègreraient probablement le confort du système public au bout de quelques années. Il est donc important de fixer des règles afin s'assurer la protection du système de santé québécois mais en même temps de permettre une certaine flexibilité nécessaire à la compétition.

Par contre, les usagers devraient choisir leur camp. Vous vous présentez dans un clinique privée pour votre genou et qu'il vous faut un radiographie, un plâtre, de la physiothérapie spécialisée? N'attendez-vous pas à ce que le système public prenne le relais gratuitement. Vous voulez payer? Vous payez jusqu'à la fin. Une telle séparation empècheraient les médecins en pratique privée de déléguer les cas peu payants en milieu de parcours.

Une exception par contre, la pédiatrie et les soins pour enfants devraient demeurer gratuits jusqu'à 18 ans. À quoi bon dépenser des millions dans des garderies et des congés parentaux si un accident ou une maladie annule les bienfaits de ces programmes sociaux?

Le système de santé a besoin d'argent et les gouvernements (le déséquilibre fiscal, c'est un autre débat) ne peuvent en donner plus. Il faut aller chercher les fonds où ils sont, c'est-à-dire dans les poches des usagers. De plus en plus de baby-boomers prendront leur retraite dans les 15 prochaines années et je ne crois pas que ceux-ci, assis sur des fonds de retraite bien garnis, mettent de côté la pétanque pendant 6 mois s'ils ont besoin de se faire opérer à une hanche. L'histoire nous dit que ce qu'un baby-boomer veut, Dieu le veut et vite. La masse dictera encore une fois les priorités du gouvernement. Mais cette fois-ci, c'est toute la population québécoise qui tirera profit d'un sauvetage in extremis du système de santé public québécois.

2005/11/10

Chronique ce-que

Ce que je lis: Je suis un peu gêné de ce que je lis présentement. C'est mon petit côté Chicken broth for the soul. Je suis en train de lire ''Ils ont osé!: 40 exploits incroyables'' qui parle de courage et d'audace. C'est un-peu-pas-mal bonbon mais ça se lit bien et étant donné que ce sont 40 chapitres séparés, je peux sauter ce qui est moins intéressant. D'habitude c'est le contraire non, on saute que ce qui est intéressant? De plus, c'est un livre de la bibliotèque. Est-ce que je suis en train de me justifier? Je vais me taper Houellebecq ou Les Mémoires d'Hadrien après, en guise de mortification pour me purifier de mes péchés.
Parlant de cilice mortificatif, j'avais auparavant traversé diagonalement''Les secrets du code Da Vinci'' de Dan Burstein, une collection de textes journalistiques et d'articles scientifiques (quelquefois pseudo-scientifique) ayant pour objet d'analyser le best-seller The Da Vinci Code de Dan Brown. C'est quand même assez intéressant et ça donne le goût d'aller fureter sur le Web à la recherche de pistes. By the way, avez-vous vu la bande-annonce du film?
Je me suis envoyé aussi Le Parfum de Patrick Süskind. C'est tout un roman. Une histoire moyenâgeuse où se mêlent alchimie, religion, géographie et histoire et un roman policier à la fois. Alors que l'histoire débute lentement, la fin inattendue déboule comme un crescendo. Durant la lecture de certains passages, on respire l'histoire de Grenouille, le personnage principal qui nous est à la fois répugnant et sympatique.
Juste auparavant, j'ai terminé sur les chapeaux de roues Until I Find You de John Irving. Un se ses meilleurs romans. Et un roman à relire car la fin explique le début.
Alors, Houellebecq ou Yourcenar? Bof, la purification attendra, je m'enfile un bon Vargas avant de continuer ma quête du St-Graal littéraire...

Ce que j'écoute: C'est assez hétéroclite depuis mon dernier Si j'avais un IPOD, ça changerait ma vie. Comment oublier Emmenez-moi de Aznavour quand on a vu C.R.A.Z.Y.? Quelques chansons de la bande sonore de Slap Shot, Get right back where we started from de Maxim Nightingale ou You make me feel like dancing de Leo Sayers. Par contre, incapable de trouver A little bit south of Saskatoon. Et avec le film Podium: Cette année-là et Alexandrie, Alexandra de l'ineffable Claude François. Évidemment, Ma Préférence de Julien Clerc aussi. Non mais ne vous inquiètez pas, le polyiste n'est pas complètement devenu quétaine: Z de My Morning Jacket dont les excellentes Wordless Chorus, It Beats for you et Gideon. Et je redécouvre Neil Young avec trois excellents albums: Prairie Wind, Mirror Ball (acheté) et Sleeps with Angels (acheté).

Ce que j'ai vu: Kingdom of Heaven (##1/2): dans la foulée du Code Da Vinci sauf que des batailles sans ogres ou gobelins, ça devient moins intéressant. Dans la lignée de Jarhead (pas vu), le bon vieux
Full Metal Jacket de Kubrick (####1/2). Transposez l'Irak sur le Vietnam, changer the suck par the shithole et ce film est encore d'actualité. Je ne me souvenais pas de tout ce que le sergent disait aux recrues dans la deuxième scène du film sauf que c'est tellement épouvantable que c'est presque comique.
Plus léger, le film français Podium(###) à propos de l'histoire d'un sosie professionnel du chanteur populaire Claude François. J'ai bien aimé. Ma blonde aussi, elle a pleuré deux fois.
Finalement, dans la catégorie World beat, The Motorcycle Diaries (###1/2). C'est l'épopée (fictive?) de deux médecins, dont Ernesto Guevara, célèbre icône révolutionnaire (publicitaire?) qui mêne les protagonistes aux quatre coins de l'Amérique Latine. Évidemment, le Che ne reste pas insensible aux inégalités entre les pauvres et les très riches, les hispanophones et les indigènes. Je ne regarderai plus mon chandail du Che de la même façon.

Ce que je consulte: Woxy.com, the future of rock, Danbrown.com, l'auteur de The Da Vinci Code,

2005/11/04

La guillotine est prête

À quand remonte la dernière fois où nous avons vu un politicien aussi populaire qu'André Boisclair en ce moment? Il ne faut pas tellement remonter si loin. En 1998, Jean Charest était plébicité à la chefferie du PLQ et il triomphait à 70% de popularité dans les sondages. Résultat étonnant quelques mois plus tard: il était écrasé par Saint-Lucien aux élections générales cet année-là alors que les électeurs respectaient la logique d'alternance au pouvoir et redonnait un deuxième mandat à l'équipe péquiste. En politique, six mois c'est une éternité affirment en choeur tous les commentateurs.

Est-ce que c'est ce qui attend André Boisclair? Je gagerais ma chemise que oui. Sauf que contrairement à M.Charest, qui était et qui est toujours à la tête d'un parti historiquement docile, M.Boisclair devra se méfier des couteaux qui sont toujours bien effilés au PQ. Il ne survivra certainement pas à une défaite électorale. Trop de prétendants, quelques belle-mères et un Gilles Duceppe libéré de sa promesse d'être à la tête du Bloc aux prochaines élections fédérales.

Même si le PLQ patauge dans les bas-fonds de l'opinion publique dans les sondages, son adversaire présumé André Boisclair patauge lui dans les méandres de son passé nébuleux. Cela semble inquiéter plus ses adversaires dans la course au leadership du PQ que la population en général qui est curieusement en majorité derrière lui. Avec raison à mon avis.

Les libéraux, étrangement silencieux face à la course au leadership de leurs adversaires, attendent probablement que André Boisclair soit solidement en selle pour le désarçonner. Je ne suis pas certain que l'épisode de la coke soit le seul squelette du placard de M.Boisclair. Si j'étais un militant indépendantiste, j'aurais peur que ce soit plutôt la pointe de l'iceberg.

D'ailleurs, les rumeurs courent à Québec sur le fait que sur toutes les cartes de membres vendues par l'équipe Boisclair, plusieurs ont été achetées par des libéraux afin de s'assurer que le jeune page grimpe sur le trône.

C'est ce qui trotte maintenant dans la tête des militants péquistes qui se retrouvent devant un dilemne: on risque avec André ou pas?

Ce qui est aussi compliqué dans cette situation, c'est que la course ne se terminera pas par un congrès au leadership. Dans une course normale, les candidats travailleraient avec leurs délégués. Les candidats marginaux pourraient se rallier aux candidats majeurs au deuxième tour et une dynamique de fond de type AB (anybody but...) pourrait se dessiner à la suite d'alliances pour bloquer la route à Boisclair et faire passer un candidat plus rassembleur comme Richard Legendre.

Sauf qu'un bien triste spectacle est à prévoir, loin du thrill normal des congrès à la direction des partis. Un probable couronnement est à prévoir. Le roi est mort, vive le roi. La guillotine est prête.