2006/06/05

De Orford à Kyoto

Voici une citation de Jean Charest à l'ouverture du Forum économique des Amériques:

«À défaut de donner l'exemple, comment pouvons-nous demander à nos voisins du
sud de réduire leur gaz à effet de serre? Comment pouvons-nous interpeller la
Chine, l'Inde et demander à des pays qui sont en voie de développement de
réduire leur gaz à effet de serre, si nous ne sommes pas prêts à donner cet
exemple?»
Comme je l'écrivais dans un précédent billet, il est drôle de nous regarder faire la leçon aux Américains, surtout que le gouvernement dirigé par l'ex-ministre fédéral de l'Environnement n'a toujours pas de plan concernant Kyoto et son application au Québec. Serait-ce pour faire oublier ses déboires dans le dossier du Mont Orford? Redorer son blazon écologiste?

Cela pourrait pogner dans l'électorat québécois, puisque Kyoto reste un concept flou, malléable et winner. Qui donc est pour la pollution? Mais il reste que cette bravade anit-américaine n'est pas sérieuse. Par exemple, les usines américaines situées près des Grands Lacs ont réussi ces dernières années à baisser leurs rejets dans l'air de 3%, alors que les nôtres ont augmenté de 24%. Les gaz à effet de serre (GES) ont certainement augmenté aux États-Unis, mais cette augmentation est moins grande qu'au Canada. En effet, depuis, 1990, les GES ont augmenté de 16% aux É.-U., alors qu'ils ont augmenté de 24% ici au Canada.

Dois-je rappeler que d'ici 2012, les GES émis par le Canada doit revenir à leur niveau de 1990, moins 6%? Tout une côte à remonter. Avec une auto hybride si possible.

Donc, on respire par les nez les amis. Pas trop quand même, il y a le smog. Nobostant les considérations politiques derrière la tièdeur du gouvernement Harper à propos de Kyoto, il y a l'inaction crasse du gouvernement libéral précédent qui a engagé le pays dans un calendrier irréaliste. Je concède que le gouvernement Harper doit accoucher d'une politique globale pour combattre les gaz à effet de serre, mais je crois qu'il est trop tard pour le Canada d'atteindre les objectifs de Kyoto, pourtant limités lors de l'adoption du protocole en 1990.

On ne peut rattraper en 6 ans ce qui ne s'est pas fait en 16 ans.

2 commentaires:

Anonyme a dit...

Je ne vois pas trop où est la "bravade anti-américaine", Charest dit qu'on est mal placé pour critiquer les USA, la Chine et l'Inde, car on fait dur de notre côté.

Nous les Canadiens, on a toujours été fiers d'être écolos, mais aujourd'hui la baloune nous pète dans la face... On pollue plus que les Américains (toutes proportions gardées), et on découvre que notre agriculture est une grosse soupe toxique d'OGM que l'Europe ne veut même plus.

Le_Polyiste a dit...

Effectivement, le terme "bravade anti-américaine" est un peu fort lorsqu'on relit lentement le texte de M.Charest.

Par contre, politiquement, on voit le venir. Se dissocier de Harper sur Kyoto et se positioner comme champion de la différence qubécoise sur le sujet.