2006/04/05

C'est une société qui fait non, non, non, non!

Plusieurs observateurs ont fait état ces derniers temps que la société québécoise devient de plus en plus difficile à gouverner? gérer? développer? Je ne suis pas sûr du terme. Les projets se multiplient et une opposition s'organise à chaque fois: Mont Orford, la présence canadienne en Afghanistan, le nouveau Casino (dont je fais partie), les PPP, le CHUM à Outremont, l'autoroute 30, les grands développements hydro-électriques, le pont de l'autoroute 25, l'agrandissement du Stade Percival-Molson. La liste est incroyablement longue, même si on analyse tous les projets à la pièce et qu'on y trouve des raisons de s'opposer.

Dans quelles conditions une majorité de Québécois
jugerait-elle acceptable d'offrir à un pays étranger une aide n'excluant pas a priori l'usage de la force? (...) Ou alors serait-il préférable de
décréter une fois pour toutes que, quoi qu'il advienne dans le monde, surtout,
nous ne ferons rien? (Mario Roy - Qu'est-ce que le Québec...ne veut pas? / à
propos de la guerre en Afghanistan)


En se méfiant ainsi de tous ceux qui veulent investir et
bâtir, en présumant de leur cupidité et de leur duplicité, les Québécois
risquent de se condamner à la stagnation durable. (André Pratte - La stagnation
durable)


Mais cet attachement aux acquis, ce désir que le présent soit
semblable au passé, c'est l'essence même de la résistance au changement. (...)
Je ne sais pas s'il y a une morale pour les Français. Mais il y en a une pour
nous. Il faut apprendre à changer avant qu'il ne soit trop tard. (Alain
Dubuc - Le miroir français)
Trois extraits, trois suppôts de Power corp dirait Pierre Falardeau mais bon, il n'y a pas qu'à La Presse qu'on se pose ces questions. En fin de semaine dernière, à Il va y avoir du sport, le deuxième débat portait sur la question suivante: est-ce que le Québec a encore de la drive?
Du côté du oui, Micheline Lanctôt défendait âprement -telle une mère-ourse qui défend ses rejetons - son Québec jeune, dynamique, progressiste. Oui mais Micheline, il est où ton Québec dynamique si c'est toi qui est "pris" pour le défendre? C'est exactement ce que l'invité de la semaine, Josélito Michaud, a dit à la fin. Ne riez pas. C'est la réalité.
Dans un long article sur la mort canadienne de la Compagnie de La Baie d'Hudson, le très réputé Peter C.Newman écrivait que, comme son pays d'origine, l'histoire de la Compagnie en était une de survie: Survival is a lousy ethic because it kills risk, and thus the future (Globe and Mail, 18 février 2006, Hudson's Bay, U.S.A.).
J'ajouterais que malgré nos différences avec le Canada anglais, l'histoire québécoise en est aussi une de survie contre des forces encore plus grandes (la puissance économique de l'Autre), mais avec des armes encore plus puissantes: la langue et la religion.
Nous sommes maintenant à un moment de notre histoire où, seulement armé de la langue qui nous unit, il faut prendre des risques, quitte à sacrifier certains idéaux ou se réajuster en cours de route.
Ces derniers temps, il y a eu des succès québécois en terme de développement. Le métro de Laval, malgré les dépassements de coûts, sera une réussite dans le sens qu'il rallie l'inévitable étalement urbain et le transport en commun. Le métro de Montréal n'avait pas été prolongé depuis presque 20 ans. Les trains de banlieue sont aussi un succès dans le même sens. La Grande Bibliothèque attire aussi beaucoup plus de visiteurs que prévu. La SAQ, malgré ses déboires, a un réseau de magasins dont on peut être fiers. Hydro-Québec, longtemps un exemple d'inefficacité, pompe bon an mal an, 1 milliard dans les coffres du gouvernement et ne devrait pas avoir de problème à l'avenir à pomper le Fonds des générations non plus.
Tout n'est pas noir. Il y a des choses à faire au Québec mais à force de dire non à tout (même à la souveraineté), on se condamne effectivement à vivre une stagnation durable, un dévolution tranquille vers le néant économique et démographique.

Aucun commentaire: