2005/10/27

l'or bleu

J'ai été très surpris ce matin d'apprendre qu'au Québec, l'eau captée à des fins commerciales n'était pas soumise à un système de redevances comme l'exploitation des autres ressources naturelles. Pardon?

La nouvelle a été annoncée hier: la banque d'affaires américaine Morgan Stanley s'apprête à mettre la main sur l'usine d'embouteillage Eaux Vives Harricanna près d'Amos en Abitibi pour le coût de 18 millions. Cette eau, puisée dans une source réputée pour sa pureté, sera embouteillée et principalement acheminée en Chine où l'on prévoit que 5 millions de caisses seraient expédiées lors des 5 prochaines années.

Est-ce que je comprend bien? Non seulement les Chinois nous prennent-ils astucieusement nos emplois mais maintenant ils nous prennent aussi la seule ressource naturelle qui nous distingue du reste du monde, c'est-à-dire notre eau potable? Ils paient pour l'eau me direz-vous sauf que cet argent ne va pas dans nos poches mais dans celles de Morgan Stanley. Si le gouvernement du Québec ne met pas ses culottes et n'impose pas une redevance dans les prochaines années (il faut être indulgent quand même envers nos fonctionnaires), je crois que le terme ''vol'' serait plus approprié pour parler cet échange commercial.

Face à cette menace, certains candidats à la direction du PQ avancent que le gouvernement du Québec devrait nationaliser l'eau. Bonne idée sur papier mais en théorie, quelle eau? L'eau du fleuve? L'eau des municipalités? L'eau de source? L'eau de lacs, publics et privés? Beau débat public et juridique en perspective.

Pour ma part, je ne crois que le gouvernement n'a ni l'expertise, ni l'intérêt à créer un nouvelle société d'État dédiée à la ''possession'' de l'eau même si celle-ci pourrait ultimement s'avérer rentable. L'État québécois a tellement de missions aujourd'hui qu'il n'arrive plus à réaliser adéquatement ses missions essentielles: les routes, la police, les prisons, la justice.

Par contre, dans une perspective lucide, je verrais d'un très bon oeil l'imposition de redevances sur l'eau, en partenariat avec les municipalités.

Cet argent pourrait aller dans un fond de type ''héritage'', un peu comme en Alberta, au même titre que les profits d'Hydro-Québec ou la vente d'actifs québécois. L'objectif de ce fond serait la préservation financière des acquis du gouvernement dans une perspective à long terme. Par exemple, si le gouvernement décidait de vendre le Stade Olympique et certains de ces terrains aux alentours, l'argent irait alors dans ce fond et non dans les revenus généraux du gouvernement où ils seraient utilisés pour payer ''l'épicerie'', les dépenses normales de l'État québécois.

Évidemment, il faut agir vite. À ce sujet, une politique d'implantation de redevances sur l'eau serait à tout le moins la bienvenue avant la fin du présent mandat des Libéraux. Nous sommes prêts?

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