2005/10/21

Le bébé et l'eau bénite du bain

La semaine dernière, La Presse publiait une lettre ouverte d'un curé qui demandait à ses collègues (de moins en moins nombreux faut-il en convenir) de retrouver leur fierté dans une société où ils sont verbalementassiégés. ''Pédophiles, rétrogrades, obscurantistes'' étaient les termes utilisés par M.Majeau. Je pourrais moi-même ajouter à cette liste les épithètes ''déconnectés'', ''ultra-conservateurs'', ''homophobes'', ''anti-féministes'' sans vraiment me tromper.

Est-ce que ces termes sont justes et généralisés, encore pire, généralisants? Je ne suis pas sûr.

Dans une société où les livres les plus vendus sont des livres d'horoscopes, où le taux de suicide chez les jeunes hommes est le plus élevé dans le monde, où la société s'interroge fortement et constamment sur son rôle dans le développement et la protection des enfants, je trouve hypocrite que nos élites médiatiques aient un jugement aussi terrible sur, disons-le, ces hommes de valeur.

L'un des problèmes de notre patrie chérie selon moi, c'est que lors de la Révolution tranquille, nous avons jeté le bébé avec l'eau du bain. Le catholicisme, qui était omniprésent dans la vie quotidienne de tous les gens, a pris le bord. Pour être remplacé par quoi? Par le cynisme généralisé, l'athéisme, l'indivisualisme, la moquerie, l'humour érigé en dogme. Dehors la mainmise du clergé sur la vie sociale, familiale et économique du Québec. Mais en même temps, dehors les valeurs chrétiennes qui nous caractérisaient comme peuple: charité, engagement, discipline(?), respect, tolérance.

La conséquence majeure de cette déresponsabilisation collective, c'est qu'on ne respecte plus rien. Quand des organisations de travailleurs tombent à bras raccourcis sur un Premier ministre qui utilise à mots couverts une injure à connotation féministe mais qui en même temps laissent dans leur congrès des humoristes faire des blagues à caractère sexuel sur la présidente du Conseil du Trésor, le Ministre des Finances du Québec et le président d'une des entreprises qui emploie le plus de travailleurs au Québec, il y a un problème de respect évident.

Mais c'est de l'humour il faut comprendre. Je ne ris pas. Quand on attaque aussi bassement ces gens, tous fédéralistes en passant, on m'attaque en tant que citoyen du Québec et ça n'a rien à voir avec la souveraineté. Le lendemain du Grand Jour, mon voisin sera toujours là même s'il ne partage pas la même opinion que moi (Falardeau as-tu compris?). Et Jean Charest est le Premier ministre de tous les Québécois, qu'on le veuille ou non. Tout comme Bernard Landry l'était avant lui. Et on remonte la liste. C'est une chose que ces stupides Américains ont compris, il faut respecter ceux qui nous représentent au-delà de ses défauts, au-delà de la partisanerie.

Mais je m'épifarde je crois. Le temps de l'humour grinçant mais respecteux des Cyniques est malheureusement révolu. Je ne suis pas sûr que les politiciens retrouveront un jour le respect qu'on leur doit. Ce n'est certainement pas avec le scandale des commandites et l'affaire Dingwall que leur blazon sera redoré. Mais comme dans le cas des curés, il est odieux de mettre tout le monde dans le même panier. C'est une question de valeur et une question de respect.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

on a remplacé les vlauers chrétiennes par la lucidité...

françois