2005/11/04

La guillotine est prête

À quand remonte la dernière fois où nous avons vu un politicien aussi populaire qu'André Boisclair en ce moment? Il ne faut pas tellement remonter si loin. En 1998, Jean Charest était plébicité à la chefferie du PLQ et il triomphait à 70% de popularité dans les sondages. Résultat étonnant quelques mois plus tard: il était écrasé par Saint-Lucien aux élections générales cet année-là alors que les électeurs respectaient la logique d'alternance au pouvoir et redonnait un deuxième mandat à l'équipe péquiste. En politique, six mois c'est une éternité affirment en choeur tous les commentateurs.

Est-ce que c'est ce qui attend André Boisclair? Je gagerais ma chemise que oui. Sauf que contrairement à M.Charest, qui était et qui est toujours à la tête d'un parti historiquement docile, M.Boisclair devra se méfier des couteaux qui sont toujours bien effilés au PQ. Il ne survivra certainement pas à une défaite électorale. Trop de prétendants, quelques belle-mères et un Gilles Duceppe libéré de sa promesse d'être à la tête du Bloc aux prochaines élections fédérales.

Même si le PLQ patauge dans les bas-fonds de l'opinion publique dans les sondages, son adversaire présumé André Boisclair patauge lui dans les méandres de son passé nébuleux. Cela semble inquiéter plus ses adversaires dans la course au leadership du PQ que la population en général qui est curieusement en majorité derrière lui. Avec raison à mon avis.

Les libéraux, étrangement silencieux face à la course au leadership de leurs adversaires, attendent probablement que André Boisclair soit solidement en selle pour le désarçonner. Je ne suis pas certain que l'épisode de la coke soit le seul squelette du placard de M.Boisclair. Si j'étais un militant indépendantiste, j'aurais peur que ce soit plutôt la pointe de l'iceberg.

D'ailleurs, les rumeurs courent à Québec sur le fait que sur toutes les cartes de membres vendues par l'équipe Boisclair, plusieurs ont été achetées par des libéraux afin de s'assurer que le jeune page grimpe sur le trône.

C'est ce qui trotte maintenant dans la tête des militants péquistes qui se retrouvent devant un dilemne: on risque avec André ou pas?

Ce qui est aussi compliqué dans cette situation, c'est que la course ne se terminera pas par un congrès au leadership. Dans une course normale, les candidats travailleraient avec leurs délégués. Les candidats marginaux pourraient se rallier aux candidats majeurs au deuxième tour et une dynamique de fond de type AB (anybody but...) pourrait se dessiner à la suite d'alliances pour bloquer la route à Boisclair et faire passer un candidat plus rassembleur comme Richard Legendre.

Sauf qu'un bien triste spectacle est à prévoir, loin du thrill normal des congrès à la direction des partis. Un probable couronnement est à prévoir. Le roi est mort, vive le roi. La guillotine est prête.

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