2005/11/17

Un mode de scrutin défavorable au PQ?

Mardi soir dernier, entre deux téléromans, le match Canadien-Panthers et un film de guerre à TQS, le PQ a finalement choisi son nouveau chef. Nous sommes loin des longues fins de semaines et des interminables dimanches des congrès politiques d'autrefois. Conciliation travail-famille j'imagine. Il reste que le timing d'une telle annonce, un mardi soir, ça fait poche, ça fait cheap. Pas aussi cheap que le Bachelor mais quand même...
Mais les irréductibles péquistes me diraient que mardi soir coïncidait avec le 29 anniversaire de la prise du pouvoir par le PQ en 1976. Justement, ce n'était pas le 30e anniversaire, c'était juste le 29e, ce qui justifiait amplement le fait de déplacer l'événement à un weekend rapproché.
Bien que j'étais assez jeune, je me souviens relativement bien du congrès de 1983 où Brian Mulroney a été élu chef du Parti progressiste-conservateur. La situation était semblable à celle du PQ, le chef Joe Clark avait reçu précédemment un vote de confiance de 66.9%. Il jugea alors ce pourcentage était insuffisant et décevant et il déclencha aussitôt une course au leadership dans laquelle il serait candidat afin de faire taire ses détracteurs, idée que Bernard Landry a contemplé pendant presque tout l'été pour finalement refuser d'entrer dans la course à l'automne. Plus ça change, plus c'est pareil, à quelques différences près.
D'abord le PQ a choisi pour des raisons d'image et d'argent de privilégier un mode de scrutin téléphonique où tous les membres du parti pourraient voter. Plus besoin de délégués, ni de congrès, tout le monde vote par téléphone et c'est très démocratique. Ce l'est tellement en fait que semble-t-il que même les bébés, les plantes et chihuahuas pouvaient aussi le faire. Même si on raconte que les organisateurs de Mulroey avaient déjà nolisé un autobus remplis de robineux du Old Brewerie Mission pour paqueter une convention locale mais je me demande si le vote d'une plante aurait été possible à la salle des Chevaliers de Colomb du coin?
Tout le monde semble estomaqué par l'ampleur de la victoire d'André Boisclair alors qu'il a été élu au premier tour avec une majorité de 54%. Il faut se calmer. C'est bien mais c'est seulement 4% au dessus du seuil de la majorité simple et surtout, c'est 22% de moins que le pourcentage de satisfaction exprimé par les délégués à Bernard Landry lors du fatidique vote de confiance du printemps dernier.
Faisons un parallèle avec la situation de Mulroney en 1983. Comme le PQ, le PC est un parti historiquement divisé. Mulroney l'a emporté après 4 tours de scrutin avec 54% des voix des délégués. Semblable à Boisclair? Pas du tout. Tout au long du déroulement du vote, Mulroney a réussi à récolter les appuis formels de 3 candidats mineurs, dont Michael Wilson, qui deviendra plus tard son ministre des Finances. Il obtiendra ultimement aussi l'appui de la majorité des délégués de John Crosby, qui termina troisième au troisième tour et qui se désista. À l'aide d'un mode de scrutin favorable au jeu des alliances, Mulroney s'est donc retrouvé à la tête du PC divisé mais certainement moins divisé que le PQ actuellement.
M.Boisclair est arrivé à ce pourcentage en un tour est excellent pour lui et son organisation. Sauf que malgré toutes les courbettes et invitations adressées à ses adversaires, M.Boisclair arrive à la tête d'un parti plus divisé que jamais par cette course. Le nouveau chef a-t-il vraiment besoin de Bernard, Legendre, Marois et compagnie? Pas vraiment, il a remporté la course sans et malgré eux. Mais vous savez ce que les Anglais disent, keep your friends close but your enemies closer, je suis certain que M.Boisclair sait qu'il doit garder tous des adversaires près de lui, même les potentiels Brutus. Est-ce que Pauline Marois peut être nommée à un poste plus important que celui qu'elle détient actuellement dans le cabinet fantôme de l'opposition, soit critique en matière d'éducation?
My point is : le PQ aurait dû garder un mode de scrutin traditionnel avec élection des délégués dans les comtés et un congrès tenu lors d'une fin de semaine où il pourrait y avoir les discours des aspirants le vendredi, une soirée d'adieu au chef le samedi (et certainement quelques huées tant qu'à y être) et finalement le vote le dimanche, juste à temps pour Star Académie!

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