2005/11/26

L'heure de vérité sonne...pour qui?

Jeudi dernier, Stephen Harper affirmait aux Communes que l'heure de vérité des Libéraux approchait et que bientôt, les Canadiens les jeteraient dehors pour leur rôle dans le scandale des commandites.

L'heure de vérité approche certainement. Mais elle approche pas nécessairement pour Paul Martin mais plutôt pour le chef de l'Opposition. À regarder le dernier sondage publié ce matin, 39-29 pour le PLC, une copie presque conforme du dernier scrutin de juin 2003, je m'inquièterais si j'étais Stephen Harper.

Sauf que le chef du PC a accès à beaucoup plus d'information que moi et je suis convaincu que les sondages internes de son parti lui montre une éclaircie et une tendance lourde qui pourrait mener à un gouvernement conservateur, probablement minoritaire. Sans cela, je doute que Harper se soit empressé à pousser le gouvernement vers une défaite en Chambre, ce qui déclenchera lundi des élections pour la mi-janvier.

Si j'avais le choix, je crois que j'aimerais mieux être dans les souliers de Harper plutôt que dans les souliers de Martin. Ce dernier traîne un bagage beaucoup plus lourd (les commandites) et l'alternance du pouvoir va bien finir par le rattraper. Si Martin gagne, les Libéraux seront au pouvoir pour 2 ans ou peut-être même 4 ans, ce qui porterait règne à 16 ans de pouvoir. Est-ce que les Libéraux méritent une telle confiance?

Tout dépendra de la qualité de la campagne qui sera mené par les Conservateurs. Leur chef n'a pas droit à l'erreur, la campagne doit être sans faille et il doit marteler à peu près le même message: la corruption, la corruption, la corruption, sans nécessairement s'empêtrer dans son propre programme. Et espérer que les gens vont surtout penser aux commandites lors du vote.

Parlant de programme, ce qui complique les choses justement, c'est que le PLC se présente presque comme le parti de la droite. Avec des baisses d'impôts de 38 millions consenties aux contribuables et certains assouplissements à la taxe sur le capital pour les entreprises, il serait difficile de faire mieux pour le PC, sans être étiquettés comme le parti des riches.

Au Québec, est-ce que le PC pourrait se tailler une place entre le PLC et le BQ? Le combat s'annonce plutôt difficile, surtout aprês avoir aperçu les premiers signes de la stratégie d'Harper: votez contre la corruption du PLC et contre la séparation des Bloquistes, votez pour nous.

You got it all wrong Stephen. Il ne faut absolument pas braquer les gens face à leurs choix passés mais les assurer de leurs choix futurs. Est-ce qu'on peut s'entendre pour dire que le plein de vote par les Conservateurs doit être fait du côté des électeurs bloquistes? Alors il ne faut pas dénigrer la souveraineté et associer le mouvement au terme péjoratif ''séparation'' car il y a parmi les électeurs bloquistes des fédéralistes modérés qui n'accepteraient pas de se faire dire qu'ils font des mauvais choix depuis 1993.

Le message du PC au Québec devrait être: vous voulez punir les Libéraux, nous respectons votre choix de voter pour le Bloc, ce parti a défendu vos intérêts dans le passé mais donnez-nous une chance de battre les Libéraux, d'ajouter des députés à l'équipe du Parti Conservateur. Le message doit être positif, rassembleur, il doit presque exorter les Québécois à voter pour le PC, même si cela se fait au détriment de leur message pancanadien. Car le PLC ne manquera pas de rappeler au électeurs des autres provinces qu'Harper tend la main aux séparatistes. Mais le chef du PC soit demeurer digne et pédagogue, c'est-à-dire expliquer que les Québécois ne sont pas tous séparatistes etc.

Cinq, dix ou douze députés conservateurs au Québec serait une éclatante victoire pour le PC. Cette voie est à mon avis la meilleure à suivre pour les Québécois qui veulent que leurs vrais intérêts soient défendus.

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