2005/11/25

le cinéma québécois

J'ai finalement regardé C.R.A.Z.Y. , de Jean-Marc Vallée. Je m'attendais à beaucoup de ce film, étant donné les excellentes critiques. J'ai été un peu déçu.

Ce n'est pas que c'est un mauvais film, au contraire. L'interprétation est juste, le scénario est convaincant, les dialogues sont aussi percutants. Il y a de plus un peu de surnaturel dans le film, ce qui me rappelle les romans de Gabriel Garcia Marquez.

Il y a potentiellement dans ce film un thème qui a été beaucoup exploité dernièrement, la relation père-fils que tous les jeunes adultes mâles vivent à un moment ou à une autre de leur vie. Cela aurait à mon avis constitué un excellent point central dans le scénario.
Malheureusement , c'est l'ambivalence sexuelle de Zachary qui domine. Et ce n'est pas vrai que l'homosexualité est devenue tellement mainstream qu'elle touche tout le monde au même degré. Moi, je ne me suis identifié aucunement au personnage principal tout au long de ce coming-out qui ne finit plus. On aurait pu faire le même film à propos de la vie de l'aîné, du cadet obèse, du sportif ou du nerd. Mais on dirait qu'on a choisi de montrer les hétéros de la famille comme des stéréotypes débiles alors que le seul homosexuel est digne de raconter son histoire. Moi, j'ai été réticent à embarquer là-dedans. Ce n'est pas que je suis homophobe mais la critique n'a pas reflété cet aspect qui est selon moi omniprésent dans le film. Il n'y a de plus aucune légèreté dans le traitement du sujet. C'est sérieux et grave et ambigü du début à la fin.

L'autre aspect qui m'a dérangé de ce film, et ces propos ont été repris par Nathalie Petrowski il y a quelques mois, concerne l'absence de références historiques québécoises. Bien sûr, la trame sonore est rafraîchissante sauf qu'elle est plutôt banale si on compare aux trames sonores de films américains qui nous font découvrir des petits bijoux musicaux oubliés (ex. High Fidelity ou Fear and Loathing in Las Vegas). Changes de Bowie, c'est bon mais quand même assez commercial.

Évidemment, quand on écrit un scénario, on a deux choix. Ou bien on fait un film universel, culturellement anonyme, ou bien on fait un film particulier, fixé dans un cadre culturel ou social précis. Les meilleurs scénarios sont souvent ceux qui combinent l'un et l'autre. Par exemple, Les Invasions Barbares traite d'un thème universel, la mort, dans un enrobage culturel québécois, à la limite universitaire. Le scénario fait donc une sorte de boucle.

Dans C.R.A.Z.Y., on a décidé de faire dans l'universel, sans toucher vraiment à la culture québécoise. Il y a bien ici et là des signaux et des indices qui font que l'action se déroule au Québec, mais si on avait remplacé un sigle du PQ par un bouton Carter for President, l'action aurait pu aussi bien se dérouler à Chicago qu'à Montréal. Au fait, est-ce bien à Montréal que ça se déroule?

En conclusion, C.R.A.Z.Y. demeure un bon film mais je ne crois qu'il mérite toutes les bonnes critiques qu'il a reçu depuis le début et certainement pas une nomination aux Oscars.

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