2006/01/30

Bloqués dans la Vieille Capitale

Une semaine après les élections fédérales, il y a une chose dont on parle encore et qui a surpris tout le monde lundi dernier, c'est la percée conservatrice dans la région de Québec.

Selon les sondages nationaux et les sondages locaux, nous savions que les Conservateurs avaient des chances de faire élire Josée Verner dans Louis-Saint-Laurent, Lawrence Cannon dans Pontiac, Maxime Bernier dans Beauce et peut-être même Jean-Pierre Blackburn dans Saguenay. Je me doutais aussi que le PCC réussirait à faire élire des députés sur la rive-sud de Québec, où les bleus ont toujours été historiquement présents avec l'ADQ ou l'Union Nationale première ou deuxième mouture. Mais de là à balayer la région de Québec? Trois députés sortants du Bloc ont été battus, dont un par un candidat conservateur qui a accroché ses pancartes trois jours avant le scrutin.

Cela m'amène à plusieurs questions. Québec est-elle toujours une ville de fonctionnaires? Comment se fait-il que ces gens votent pour un parti de centre-droite? Ne devraient-ils pas plutôt voter massivement pour le Bloc ou le NPD? Je pense qu'il y a plusieurs réponses à ces questions.

Premièrement, est-ce que la rivalité Québec-Montréal n'y serait pas pour quelque chose? Le Bloc est un parti souverainiste certes mais, contrairement au PQ, son chef habite à Montréal, ainsi que ses principaux collaborateurs. Un exemple, le premier caucus du parti la semaine dernière a eu lieu à Montréal. Et est-ce que Duceppe a fait son mea-culpa à propos de la région de Québec lors de son discours lundi soir? Pas du tout, il a surtout parlé des gains faits sur l'île de Montréal où des députés bloquistes ont fait des gains, mais avec moins de voix cependant qu'en 2004 (5 cas sur 6).

Deuxièmement, je vois un lien très net entre la force relative du Parti conservateur dans cette région et la présence dans les médias de Québec de porte-parole de la droite qui bousculent les idées établies de la gauche corporatisée. On a qu'à penser à l'infâme Jeff Filion, le diable en personne, mais aussi l'ineffable André Arthur, ainsi que la mairesse Boucher qui n'y va pas dans la dentelle lorsque vient le temps de parler avec les syndicats. On rapporte que ce courant de droite pullule dans les médias de Québec. Les électeurs québécois étaient donc prêt à recevoir le message conservateur parce qu'ils avaient déjà entendu ce message auparavant.

Comme troisième raison, n'existerait-il pas non plus une certaine opposition entre les gens qui travaillent pour la fonction publique et le reste des contribuables qui travaillent pour un secteur privé de plus en plus dynamique dans la région de Québec? Peut-être que les deuxièmes ont marre des premiers et de leur alliés bloquistes?

Il n'y a certainement pas une seule réponse à la percée conservatrice à Québec mais il reste que ces trois théories peuvent expliquer à tout le moins en partie le phénomène. Est-ce que certains de ces éléments pourraient se retrouver ailleurs au Québec? Quand on voit le PCC arriver deuxième dans 40 circonscriptions québécoises et obtenir au total presque autant de votes qu'en Alberta, je crois que tous les espoirs sont permis pour Verner, Bernier, Cannon, Blackburn et les autres.

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