2006/01/19

La loi du silence

Il y a une dizaine d'années, il existait dans la lutte professionnelle une omerta qui exigeait des lutteurs qu'ils soient dans la vie comme leur personnage dans le ring, sous peine d'être banni des nombreux circuits et promotions de la lutte professionnelle nord-américaine.

Je me souviens d'un article de Réjean Tremblay, celui qui s'occupe de la chronique human interest dans le plus petit cahier du plus grand quotidien français d'Amérique et qui écrit des télé-séries interchangeables. Enfin je m'égare. Dans cette chronique, la veuve du très coloré Michel ''Justice'' Dubois expliquait que lorsqu'elle accompagnait en Californie son mari, où son personnage dans le ring était russe (est-ce que son surnom était Goulag?), il fallait que le couple s'exprime dans un langage qui sonnait russe lorsqu'ils sortaient au restaurant. Tout cela dans le but non-avoué de faire croire aux gens que la lutte n'était pas arrangée et que tout existait vraiment.

Mais où s'en va-t-il celui-là avec Justice Dubois? Il va nous parler de Mad Dog Lefevre maintenant?

Pourquoi pas? Le jour où un accident de la route fît périr le sympathique Mad Dog ainsi que Tarzan ''La Bottine'' Tyler, les deux protagonistes méchants était accompagné d'un arbitre, Adrien Desbois, qu'ils avaient probablement bousculé la veille durant un combat. La loi du silence était brisée. Ce fut le début de la fin pour la lutte professionnelle au Québec. Mais pas aux États-Unis où un dénommé Vince McMahon Jr. a transformé le concept vieillot de ''lutte'', fragmentée en plusieurs entités régionales, en une compagnie unifiée basé sur un concept plus large et certainement plus ''convergeable'', le divertissement sportif.

Mais revenons à cette loi du silence. Contrairement au monde de la lutte, cette loi est toujours présente dans le cas du cyclisme professionnel où les cas de dopage sont légions et où pourtant, les aveux sont rares comme de la ...enfin, vous savez, même si Jean-Paul II n'est plus.

Personne ne veut avouer avoir consommé des substances interdites, comme si la vie de la survie de leur sport en dépendait. Tout le monde se doute que tous les coureurs sont dopés et tout le monde continue à suivre le Tour de France, la Flèche Wallonne, l'Arbalète flamande. Tout le monde se passionne également pour les Championnats du monde d'athlétisme, les Jeux Olympiques, la course aux circuits de Barry Bonds, le travail de la ligne offensive des Broncos de Denver et les nombreux joueurs semi-pros qui se ''défoncent'' au travail sous l'influence possible de médicaments contre le rhume.

Pas plus tard que cet été, un vétéran établi des Orioles de Baltimore, jurait devant le Congrès américain n'avoir jamais pris de stéroïdes alors que deux mois plus tard, il testait positif.

Qu'est-ce qui pousse un athlète à mentir carrément de la sorte sur la place publique? Même si les enjeux sont parfois grands, ce n'est que du sport, ce n'est tout de même pas la commission Gomery.

Je crois avoir une partie de la réponse pour ce qui est des athlètes olympiques ou de haut-niveau. Tous les témoignages de ces athlètes s'accordent sur un point: le retour à la vie normale en dehors de la compétition est très difficile. Leur personnalité étant fondé sur le principe de se dépasser, il est difficile pour eux de retourner à leurs activités quotidiennes où cette pression n'existe pas. Il n'y a rien de glorieux à faire son épicerie, si ce n'est les regards des gens dans les allées à la vue d'un champion olympique qui s'achète des Pringles.

Si on ajoute le fait que consommer des substances illicites pour améliorer leur performance au détriment de leur santé contribue à l'échafaudage d'un tel type de personnalité obsédé par la compétition, il est vraisemblable que la plupart des athlètes dopés nient tout, sinon la construction de leur personnage extérieur s'écroulerait sous la pression d'une estime de soi devenu déficiente par cet aveu public. Geneviève Jeanson ne peut tout simplement pas avouer qu'elle se dope, parce que cela trahirait son sport d'une part et son moi de l'autre.

Est-ce que Geneviève Jeanson est coupable de dopage? Pas du tout selon elle. Peut-être pour son avocat, probablement pour le public et certainement pour les spécialistes anti-dopage.

Je n'ai jamais pris d'EPO, ni aucune substance interdite, affirme-t-elle. En reste-t-il pour la croire, demande Foglia, aficionado à moitié-fou du cyclisme au Québec.

Peut-être, mais pas moi. Il n'y a pas de fumée sans feu. Qui se regarde dans le miroir quand la maison brûle?

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Bonjour...

Pourquoi vous dites la veuve de ...
la veuve du très coloré Michel ''Justice'' Dubois ?
LOLLLLLL
Pourtant... il est bel et bien vivant et aucune veuve dans la mire !


Ciao...
jmtg555@msn.com