2006/03/17

Cap sur l'avenir

Cap sur la dette, titrait La Presse à la une de son édition du mercredi 15 mars. Je me suis tout de suite dit en dépliant mon journal, "(juron), il y a maudites de bonnes chances de se perdre avant de se rendre!".

Car endettés, nous le sommes jusqu'au cou. Disons que plus bas que ça, tu mets le cap sur la Terre de Feu:

15400$ / hab (dette du gouvernement du Québec)
6600$ / hab (dette des autres sociétés d'État du Québec)
14300$ / hab (dette du gouvernement fédéral)

Ce qui fait un whopping 145200$ pour une famille normale de quatre personnes. Ce qui fait 1210$ d'intérêt par mois à débourser, sans compter les paiements sur la capital. Ce qui totalise pour l'État québécois seul (pour les 15400$), 7.5 milliards à payer en intérêts par année. Hum, n'avons-nous pas déjà vu ce chiffre quelque part? Ah oui, c'est souvent ce chiffre qui est utilisé pour chiffrer le déséquilibre fiscal au Québec.

Oui mais, les économistes diront, il est salutaire pour un État de s'endetter pour se payer des infrastuctures qui lui permettront de créer de la croissance économique et de récolter beaucoup plus de revenus en taxes et impôts. Malheureusement, dans le cas seulement le dette québécoise (le premier chiffre), seulement 30 millions sur 116 ont servi à construire des routes, des hôpitaux, des écoles, des ports, des égouts, des usines de filtration etc.

Il est temps que le gouvernement du Québec décide de faire mieux dans ce domaine. En ce sens, les annonces de Jean Charest dans son discours inaugural sont bien accueillies. Mais où aller à partir de maintenant?

Si j'étais dans le fauteuil du premier ministre, je tenterais de trouver un consensus dans la société québécoise avec une conférence sur le sujet, un peu comme dans le cas du déficit zéro. Les syndicats et les organisations patronales seraient invitées à faire partie de la solution.

J'essaierais ensuite d'arriver à un accord avec les deux principaux partis d'opposition présents à l'Assemblée Nationale pour fixer des objectifs et adopter un projet de loi spécial sur le remboursement de la dette. Dans les deux cas, le lit est déjà fait. André Boisclair avait fait du de la dette l'un de ses thèmes principaux lors de sa campagne au leadership et le parti de Mario Dumont milite depuis longtemps pour que ce problème soit poussé à l'avant-scène.

C'est à ce moment que ça deviendrait intéressant pour les libéraux de Jean Charest. Il s'agit d'un enjeu récupérable à leur droite et divisifs à leur gauche. Quelques sondages et un focus-group sur la dette parmi les électeurs qui appuient l'ADQ pourrait donner une idée au gouvernement jusqu'où il peut aller dans son budget pour co-opter les préférences adéquistes sur la question. Et j'écris bien préférences, et non position officielle des adéquistes, qui tenteront bien de pousser le gouvernement dans le coin, de le forcer à faire des choix douloureux pour fixer un calendrier de remboursement. Évidemment, les libéraux auront en main les données concernant l'opinion de l'électeur adéquiste moyen et pourront faire fi de la position officielle du parti de Dumont. Et faire ainsi le plein de ces votes lors du prochain scrutin.

À gauche, une rupture est en vue entre le PQ et la gauche solidaire à propos du remboursement de la dette. André Boisclair ne peut plus renier sa position sur cet enjeu, parce qu'elle est en porte-à faux avec la position traditionnelle du parti et de ses alliés, et le gouvernement doit l'amadouer et l'amener à se commettre sur la question lors de la conférence ou du projet de loi. L'aile radicale n'aimera pas et serait ainsi tenté de donner son appui au nouveau parti Québec Solidaire.

Si le PLQ arrive à un consensus avec l'ADQ et le PQ, tant mieux pour les générations futures. Si non, le PLQ arrivera dans la campagne électorale avec l'image d'un parti responsable qui cherche à régler un gros problème. Les autres partis se déchireront sur le pourquoi, le combien et le comment.

Machiavélique mon plan? You bet. Mais on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs. Cap sur le déficit. Cap sur les élections. Cap sur l'avenir.

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