Cependant, le columnist a dans sa version laissé de côté les éléments du discours qui étaient les plus partisans, les plus revanchards. Je ne sais pas si cela était voulu mais je crois tout de même que la recherche de consensus est nécessaire à ce stade-ci du développement du Québec. Les accusations partisanes, du genre ''je n'avais pas vu que les finances publiques étaient si mal en point grâce à la mauvaise gestion du gouvernement précédent", n'ont pas leur place dans un discours inaugural qui se veut le nouveau point de départ d'un gouvernement après deux ans de pouvoir.
Et c'est la principale critique qu'adressaient Mario Dumont et André Boisclair au discours de M.Charest. Jouer sur le programme référendaire de l'adversaire, c'est montrer qu'on n'a dans le fond pas grand chose à vendre aux Québécois. On l'a vu dans la campagne électorale fédérale, l'épouvantail du référendum ne fait pas peur à personne présentement. En campagne électorale, ce sera autre chose mais pour l'instant, parler de référendum, c'est exposer sa propre faiblesse.
Comme je vous l'écrivais dans un billet précédent, je suis en train de lire l'imposante biographie de Bill Clinton, le président qui a été en poste lors de la plus grande et la plus longue pédiode de prospérité économique de l'histoire américaine, voire mondiale. Voici ce qu'il raconte à propos des tractations en vue de sa première proposition budgétaire au Congrès à son arrivée au pouvoir:
Hillary then described how we'd failed in Arkansas in my first term by
doing too many things at once, without a clear story line and an effort to
prepare people for a long, sustained struggle. The she told them about the
success we'd had the second time around, by focusing on one or two issues every
two years, and laying out long term goals, along with short-term benchmarks of
progress against which we could be judged. That kind of approach, she
said, enabled me to develop a story line people could understand and
support.
Les libéraux devraient à ce moment-ci se recentrer sur deux choses précises. Bien que plusieurs choses aient été annoncées dans le discours inaugural, il y a dans ce discours plusieurs histoires à raconter, qui pourraient être utilisées comme fil conducteur de la réélection du gouvernement.
Réduire la dette serait certe un objectif intelligent car cela est mesurable mais ce n'est pas malheureusement pas politiquement payant à court terme. D'ici la fin de son mandat cependant, le gouvernement devrait tendre la main aux principaux partis d'opposition afin trouver un terrain d'entente à ce sujet.
Améliorer le réseau de la santé? C'est là l'une des seules réalisations positives du gouvernement libéral alors il n'y a pas lieu de brasser la marmite, pour ne pas qu'elle déborde.
Accélérer le développement économique? C'est un enjeu où il est très difficile de faire des gains nationaux, comme on peut le constater avec la saga Bombardier-Alstrom et le projet du Mont Orford. Sans toutefois arrêter tous les projets, les Libéraux devraient ce concentrer ailleurs.
Quand on parle d'histoire à raconter, le gouvernement en a déjà une qui date de la dernière campagne électorale. Elle est chiffrée, elle frappe l'imagination: 1 milliard de baisses d'impôts par année, 4 milliards en 4 ans. À mon avis, il est indispensable de donner aux contribuables la sempiternelle baisse d'impôt promise, même si cela ne se fait que lors des deux prochaines années, les dernières de ce mandat.
Que les ministres des Finances aient été incapables dans les dernières années de trouver 1 milliard par année dans un budget de 55 milliard me dépasse. Je comprend que Québec soit face à une situation financière difficile mais il est encore temps de rectifier le tir. L'atteinte de cet objectif est primordial pour la réélection du gouvernement et sa crédibilité lors de la prochaine campagne électorale. Si le ministre des Finances réussissait ce tour de force et qu'en plus, les statistiques pouvaient prouver que le revenu disponible après impôts des contribuables québécois est plus élevé après quatre ans de gouvernement libéral, celui-ci serait en bien meilleure posture pour affronter le PQ.
Mais s'il y a un enjeu que les Libéraux pourraient garder dans leur manche pour les prochaines élections, c'est le développement du potentiel hydro-électrique du Québec. L'histoire a déjà commencé à se raconter dans le discours du premier ministre. Pourquoi ne pas mettre en branle un certain nombre de projets, question de mettre le PQ sur la défensive aux prochaines élections. Diviser, c'est régner. Et les adversaires sur PLQ ne sont pas tous d'accord sur la question du développement hydro-électrique. La preuve, c'est les Verts n'ont pas rallié Québec Solidaire. Et le PQ est très vulnérable par son inaction dans ce domaine lors de son séjour au gouvernement.
Ainsi, on pourrait se fixer l'objectif suivant: le Québec devra dans 10 ans exporter 10% de l'hydro-électricité produite sur son territoire. Pour y arriver, le gouvernement proposerait la construction de nouveaux barrages et un gigantesque plan de conservation d'énergie qui toucherait tout le monde. L'objectif intermédiaire serait que le Québec soit autonome en la matière d'ici 5 ans, qu'il arrête donc d'importer de l'électricité en période de pointe.
C'est clair, précis et ça frappe l'imagination. Les Québécois sont fiers de leurs barrages. Le gouvernement Charest doit profiter de cette situation pour développer le Québec pour tout le monde.
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