2006/03/22

En nomination aux Oscars 2008

Voici le synopsis de The Road to San Francisco, un film en préparation: Benjamin, un gai de 33 ans (joué par Edward Norton Jr.), qui fréquente les bars de sa ville natale, San Francisco, découvre un jour la religion en la personne d'un vieux prêtre presbytérien (Sean Connery). Il tombe par la suite en amour avec une fille (Jennifer Aniston) qui est impliquée dans les activités de cette communauté religieuse. Malgré quelques hésitations et faux-pas, il se marie et devient plus tard le père de trois enfants. Cependant, alors que tout va pour le mieux, la maladie frappe: Benjamin découvre qu'il est atteint du SIDA et meurt au bout de plusieurs années, non sans avoir combattu la maladie et dévoilé son histoire unique sur toutes les tribunes médiatiques des États-Unis.

Le film connait un succès monstre, surtout dans le Sud des États-Unis. La sortie du film n'est pas sans controverse. Il est dénoncé vivement par les associations de défense des gais et lesbiennes comme étant une "fiction complètement déconnectée de la réalité sociale et biologique des gais et lesbiennes''.

Voilà qui serait assez intéressant si toute cette histoire était vraie, mais il n'en est rien. Aurais-je un avenir comme scénariste dans une compagnie de production chrétienne de Greenborro? Évidemment, les vedettes proposées n'accepteraient jamais de jouer dans un film financé par des organisations conservatrices. Il faudrait alors se contenter d'has-been dans les rôles-clefs mais bon, Eddie Murphy peut très bien jouer un prêtre pour une fois.

À première vue, on pourrait accuser le lobby gai et lesbien de n'avoir aucun principe sur la liberté d'expression et de création. Pourquoi applaudir une histoire loufoque d'une part et dénoncer une histoire saugenue de l'autre? Dans les deux cas, il s'agit de situations exceptionnelles, de cinéma américain avec tout ce que cela comporte.

Par contre, je crois qu'il serait peut-être normal que ces gens soient mal à l'aise par rapport à un tel film. Tout est dans le point de vue.

Les hétérosexuels ne se sentent aucunement menacés par un film gai comme Brokeback Mountain, malgré ses qualités cinématographiques indéniables. Les gais et lesbiennes par contre, par leur statut de minorité, se sentiraient menacés par The road to San Francisco.
qui est un genre de Brokeback Mountain irréversible. Un gai qui se transforme définitivement en hétéro.

C'est évidemment différent du film de Ang Lee, où les personnages, atypiques de l'univers gai, demeurent entiers: hétéros dans leur vie publique, gais dans leur vie intérieure. Et dans une société américaine où jamais des gais ne se sont embrassés encore à la télé conventionnelle, une transformation irréversible à la The Road serait un pas en arrière vers une société plus tolérante envers ses minorités. Cela consoliderait l'idée parmi la population américaine mainstream que la source de l'homosexualité est sociale et non biologique.

En même temps, je reste prudent. Un film comme Brokeback Mountain laisse penser que tous les hétérosexuels, peu importe leur occupation ou leur situation familiale, sont tous des homosexuels en devenir. Je suis presque gêné d'accepter un voyage de pêche avec un de mes chums la fin de semaine prochaine.

Finalement, en me relisant, mon opinion c'est un peu n'importe quoi. Aurais-je laisser mon intelligence dans le placard?

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