"Quand une femme ayant l'expérience de Pauline Marois, son bagage, sa passion ne peut pas se faire élire chef de son parti alors qu'elle est de loin la plus qualifiée, il faut se demander, ça prend quoi?" (Liza Frulla)
D'abord, mettons de côté les affirmations gratuites. Être le plus qualifié ne garantit pas nécessairement que l'on va devenir chef de son parti car si c'était le cas, Louis Bernard serait chef du Parti Québécois et jamais Jean Chrétien -et plusieurs autres il faut avouer- ne serait devenu premier ministre du Canada.
Cela dit, la question est tout de même valable. Alors que la très charismatique Belinda Stronach contemple la possibilité de se présenter à la chefferie du Parti libéral du Canada, malgré sa relative inexpérience, il faut se demander s'il n'y a pas un juste milieu pour les femmes en politique entre le look d'enfer et la substance, entre l'expérience et les idées nouvelles.
Dans les deux cas, tout jouait contre Pauline Marois: son look de matante bourgeoise et son bagage très lourd, qui inclut malheureusement son mari Claude Blanchet, ex-patron de la Société Générale de Financement.
Parenthèse: ce n'est pas vrai que traîner le ou la conjointe de son adversaire dans la boue est strictement réservé aux femmes. La feue épouse de Bernard Landry s'est retrouvée dans les pages de The Gazette à cause de ses traitements contre le cancer. La femme de Jean Charest s'est retrouvée bien malgré elle au beau milieu d'un violent chassé-croisé de questions à l'Assemblée Nationale pour son implication philanthropique dans la Croix-Rouge. Et Mila Mulroney a été déjà accusée d'être la Imelda Marcos du Canada parce qu'on avait fait construire au 24 Sussez un garde-robe assez grand pour y mettre toutes ses chaussures.
Mais revenons à nos moutonnes (ou lionnes, c'est comme vous voulez). Même si la question de Frulla demeure valable, il reste que la réponse est loin d'être évidente. Les exemples et les contre-exemples pleuvent sur les victoires et les défaites des femmes en politique: Kim Campbell, Sheila Copps, Margaret Thatcher, Geraldine Ferraro, Hillary Clinton, Andrée Boucher, Condoleeza Rice.
La franchise de l'une peut être considérée comme une faiblesse (Kim Campbell) alors que la franchise de l'autre est une qualité indéniable, masculine même (Margaret Thatcher). En politique, si un homme est droit, bagarreur, fier, c'est un ... de bon. Donnez les mêmes qualités à une femme et les gens diront que c'est une ... de folle. Méchante différence de perception chez l'électorat.
Les femmes sont donc face à une question fondamentale qui ressemble jusqu'ici à la quadrature du cercle: comment faire de la politique comme un homme sans passer pour une ... de folle? Comment se tenir debout devant ses opposants sans broncher, sans faire de compromis, tout en ayant l'instinct du tueur près à sauter à la gorge de ses opposants lorsque ceux-ci présente une faiblesse à la Paul Martin et Jacques Parizeau?
Ça peut sembler drôle comme ça mais il ne faut pas oublier que les femmes en politique sont plus souvent sous les feux de la rampe que les hommes. Je suis convaincu que jamais Pierre Paradis n'aurait subi le même barrage de question de la part de l'opposition que Carole Théberge.
Je ne pense pas que les hommes sont meilleurs que les femmes en politique. Je crois cependant que la politique gagnerait si plus de femmes participaient avec succès à l'administration de notre société, que ce soit au niveau municipal, provincial ou fédéral. Selon moi, les femmes en politique sont en général mieux préparés, plus souples et plus humaines.
À part peut-être Madame Thatcher? Peu importe les réalisations controversées de cette dernière, il faudra bien un jour que le Québec ou le Canada ait sa propre version de La Dame de Fer.
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